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Une multitudes de chroniques historiques sur les 4 époques de l'Histoire, que ce soit ancienne, médiévale, moderne ou contemporaine. On y trouve des chroniques sur les hommes et les femmes qui ont fait l'Histoire, les événements marquants au plus insolites....

Denis Mukwege, le réparateur des femmes et prix Nobel de 2018

Denis Mukwege : prix Nobel de la paix 2008

 

Alfred Nobel : L’Histoire du Prix Nobel…

Depuis 1901, une personnalité, mais aussi une organisation, un comité est récompensé par le prix Nobel. Trop de guerre et pas assez de récompenses envers les actes protecteurs des droits et libertés, de la dignité et de ce que l’Homme est censé aspirer le plus, la paix. Le prix est né de cette volonté de récompenser les comportements en faveur d’une paix durable, mais aussi pour récompenser les grands intellectuels quant à leur découverte. C’est Alfred Nobel qui en 1875 a créé ce prix Nobel.

Alfred Nobel

              C’est un jeune chimiste, fabricant de la dynamite, fabricant d’arme et un financier international suédois né en 1833 et décédé en 1896. Il connaît la misère et la fortune, l’admiration de ses pairs, mais aussi leur peur. Il créera la dynamite par son travail sur le contrôle de la nitroglycérine. Il crée donc une arme de destruction abondamment utilisée. Ironique pour le créateur du prix Nobel de la paix. Il est donc l’objet d’hostilité et est même surnommé « le marchand de mort ». Pour redorer son image et permettre à son nom une postérité positive, il va léguer toute sa fortune, soit 32 millions de couronnes suédoises (somme qui équivaut aujourd’hui à 2,2 milliards de couronnes soit 203 millions d’euros) pour la création du prix Nobel avant de mourir en 1896. Alors, il fit un testament en fondant un prix de littérature, puis un prix de la paix, et trois prix scientifiques : physique, chimie, physiologie. Dans celui-ci, il écrit vouloir un prix pour « ceux qui au cours de l'année écoulée auront rendu à l'humanité les plus grands services ». Le testament prévoyait que les intérêts du capital placé seraient répartis ainsi : « La première partie sera distribuée à l'auteur de la découverte ou de l'invention la plus importante dans le domaine de la physique; la deuxième à l'auteur de la découverte ou de l'invention la plus importante en chimie ; la troisième à l'auteur de la découverte la plus importante en physiologie ou en médecine ; la quatrième à l'auteur de l'ouvrage littéraire le plus remarquable d'inspiration idéaliste; la cinquième à la personnalité qui aura le plus ou le mieux contribué au rapprochement des peuples, à la suppression ou à la réduction des armées permanentes, à la réunion ou à la propagation des congrès pacifistes ».

C’est le 10 décembre 1901 que le premier prix Nobel de la paix fut discerné à Henry Durant pour son rôle dans la fondation du comité international de la Croix Rouge. Le même jour, ce fût à Frédéric Passy de se voir décerner le grand prix. Il voue sa vie à un idéal pacifique, la diffusion des idées féministes, abolitionnistes, sociales et libérales.

 

Comment sont choisis les candidats…

Alfred Nobel précise la procédure à suivre pour le choix des candidats. C’est un comité nommé par le Parlement Norvégien qui est chargé de choisir le candidat à partir d’une longue liste. Ces listes restent normalement secrètes pour une cinquantaine d’années ; mais il y eut parfois des fuites conduisant à des incompréhensions. C’est le cas quand Hitler et même Staline fut sur une des listes. Le prix Nobel n’a pas toujours décerné de prix chaque année. Les deux guerres mondiales ont bloqué toutes récompenses. Parmi les candidats les plus connus, il y a Mère Thérèsa, Mikhail Gorbatchev ou bien Barack Obama. Il y eu bien entendu des organisations. Ce fut le cas de médecins sans frontières, la Croix Rouge et l’Organisation des Nations Unies. Le lauréat mis en lumière dans cette publication sera Denis Mukwege, lauréat du prix Nobel de la paix de 2018.

 

 

Qui est Denis Mukwege…

              Denis Mukwege est né le 1er mars 1955 à Bukavu dans la République démocratique du Congo. C’est un docteur en gynécologie, militant des droits de l’Homme. Enfant, Denis Mukwege accompagnait son père, pasteur, pour rendre visite aux malades à Bukavu, une ville de l’est de la République démocratique du Congo sur les rives du lac Kivu. Un jour, ils sont allés voir un garçon en phase terminale. Ils ont prié pour lui mais n’ont pas pu faire plus. Mukwege avait huit ans à cette époque et a décidé après cette expérience qu’il deviendrait médecin. Il a dit à son père : « Tu peux prier, mais je donnerai des médicaments. ».

Denis Mukwege

Il choisit la médecine à la faculté de Burundi en 1976 et décide de se spécialiser en gynécologie à l’université d’Angers en France. Après avoir effectué une thèse à Bruxelles intitulée Étiologie, classification et traitement des fistules traumatiques uro-génitales et génito-digestives basses dans l’Est de la RDC, il repart au Congo pour diriger l’hôpital de Lemera. En 1996, le Congo est frappé par la guerre. L’hôpital est détruit et des médecins et infirmiers sont assassinés. Grâce à l’aide associative suédoise, il fonde un hôpital à Bukavu. La guerre faisant rage, il est confronté aux mutilations, violences des femmes à l’Est de la République démocratique du Congo. Il va dès lors se lancer dans ce qui sera son leitmotiv, la protection de la femme, leur apporter de l’aide aussi bien physique que psychologique à la suite de barbarie. Dans une région où le viol collectif est utilisé comme arme de guerre, il se spécialise dans la prise en charge des femmes victimes de ces agressions sexuelles, leur apportant une aide médicale, mais aussi psychique, économique et juridique.

 

Le Porte-parole des souffrances de la Femme…

              Le docteur Denis Mukwege est face à un nombre impressionnant de victime à l’hôpital de Panzi. Les services médicaux ne suffisent pas pour protéger du mal, c’est un problème aux niveaux internationales. Il faut donc agir contre la violence à l’échelle la plus large. Dans ses efforts pour porter le sujet à l’attention de l’ONU et d’autres organisations internationales, et pour plaider pour que les responsables de violences sexuelles soient traduits en justice, il est devenu un militant de premier plan pour les droits de l’homme et l’égalité des sexes. Lors d’une interview, il dit notamment que « la masculinité s’apprend, on doit dire aux jeunes garçons comment se comporter. L’éducation doit avoir lieu depuis le berceau, on fait très attention à celle des filles mais pas assez à celle des garçons ». En effet, expliquer les impacts d’un tel geste dès le plus jeune âge permet de ne pas banaliser les violences sexuelles.

Malgré des menaces continues envers lui, il lance une campagne mondiale contre l’utilisation du viol comme arme de guerre. Avec la militante Yézidie Nadia Murad, le Dr Denis Mukwege a reçu le prix Nobel de la paix 2018 pour ses « efforts visant à mettre fin à l’utilisation de la violence sexuelle comme arme de guerre et de conflit armé ». Il a reçu de nombreux prix pour son travail, dont le Prix des droits de l’homme des Nations Unies (2008), le Prix Right Livelihood (2013) et le Prix Sakharov du Parlement européen (2014). Le magazine TIME l’a classé parmi les 100 personnes les plus influentes au monde et la Fondation Carter l’a nommé « citoyen du monde »

 

Les violences récurrentes liées au genre au Congo…

Les violences liées au genre constituent un sujet récurrent dans les actions entreprises par l’Union européenne (UE) sur son territoire et dans le reste de monde. En Afrique, spécialement en République démocratique du Congo (RDC), la situation est particulièrement inquiétante. Une étude récente de l’American Journal of Public Health révèle que jusqu’à 1.8 million de femmes congolaises ont été violées au moins une fois dans leur vie. Le viol est devenu la norme tant il est fermement ancré dans le vécu des Congolais et, en matière de sécurité, la débrouille est le maître-mot. Dès la fin de la guerre du Congo en 2003, la communauté internationale porte la sécurité comme principe fondamental grâce à la RSS, réforme du secteur de la sécurité. Dans un pays qui connaît la dictature de Mobutu, les guerres successives, une hiérarchie absente et où la police manque cruellement de professionnalisme, les violences explosent. Florence Maertens de Noordhout dans « Un Etat de non-droit à la recherche d’un système normatif. Le cas d’EUPOL RD Congo » écrit, « la police est la cause de nombreuses violations des droits de l’homme. Parmi celles-ci, les violences sexuelles figurent en bonne position. Pour la communauté internationale, réformer le secteur de la sécurité, et donc la police, était une solution non seulement, pour garantir la sécurité de la population et faire respecter l’État de droit, mais aussi pour limiter les violences sexuelles commises à l’égard des femmes par la police elle-même. En RDC, cependant, la femme n’est pas toujours considérée comme l’égal de l’homme et il est nécessaire de former les policiers aux droits de la femme et à la lutte contre les violences sexuelles ». Les femmes ne peuvent donc se tourner vers les forces de l’ordre.

Ainsi, depuis plus de 20 ans, cette guerre dévastatrice a ravagé l’est de la RDC, avec des niveaux horribles de violence sexuelle liée aux conflits. L’hôpital de Panzi est devenu l’épicentre des soins pour des dizaines de milliers de victimes de violences sexuelles et, en réponse à cette urgence, le Dr Mukwege et son équipe ont développé un modèle de guérison holistique. Le modèle de soins holistiques de Panzi intègre le soutien psychologique, l’assistance juridique et le soutien socio-économique avec des soins médicaux et le traitement des blessures gynécologiques graves. Plus qu’une violence physique, les crimes sexuels détruisent les normes sociales, déshumanisent, tant les victimes que leur entourage. En effet, une femme violée est souvent rejetée par son époux et sa famille. Elle a donc peu de chances d’être réintégrée dans sa communauté locale et encourt le risque de vivre en marge de la société.

 

L’appel à des sanctions fortes…

Denis Mukwege raconte son combat dans son livre intitulé « Le pouvoir des femmes ». Il y présente des témoignages de femmes victimes, mais inspirantes qu’il a pu rencontrer au cours de sa vie. Finalement, le combat qu’il mène de front, mais aussi celui des femmes victimes nécessitent des sanctions fortes à l’encontre des agresseurs. Denis Mukwege lors d’une interview au journal Le Monde dit « Il faut une convention internationale pour éliminer l’usage du viol comme arme de guerre ». Il considère que tant que le viol ne disparait pas, son combat ne s’arrêtera pas.

 

Bibliographie et sitographie :

 

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